Chapitre Neuf - [Re]naissance


Seul le chaos parvint à s'accrocher à ses neurones, mille éclats épars, mille étincelles d'idées éclatées, de lubriques pensées dépareillées

laissées entrelacées; avions disparus ou explosés en plein ciel, vies exposées au soleil d'Ukraine ou englouties dans l'océan des possibles.


Cette débauche d'ébauches ne menait à rien; 100 X sur le métier toujours recommencé jamais abouti, bouts de ficelle et d'histoires lassantes


I need the sun I need the sun I need the sun et le vampire se barre pour le weekend, tout se réveille, fleurit et éternuent les allergiques.

enfin larguée par un printemps automnal mais tout va bien, the Seasons tournent dans ma tête, ver d'oreille sixties ensoleillé dans ma pomme

qui étire ses armes ses larmes blanches jusqu'aux portes d'avril, plonge tout un peuple dans le creux dépressionnaire la déprime saisonnière

la froidure de janvier le froid d'Alaska si dur et qui dure et les tremblements qui s'immobilisent dans les froids fonds d'un hiver narquois


drama oversea maladie d'amour au-dessus du monde de Jimmy chassant l'antilope alors que d'autres s'égosillent pour les faveurs de Louis-Jean



Et voilà un autre héros succombe à l'héroïne, entre dans l'histoire, s'incarne dans l'imaginaire, drame blanc de l'ensorcelante dame blanche



Se méfiant des exigences exiguës se défiant des contingences contiguës, quelques aiguilles beaucoup d'opium getting high falling low down... 



et l'âme absolue l'âme soul qui se la coule douce se la saoule cool, blouse la faucheuse sur l'échafaud, se faufile en fou dans l'ascenseur. 



et l'écriture manuscrite qui disparaît, fuite des cursives déni des déliés, cliquetis plus de plume, craie crayon de pixel sur virtual paper


mémoire vive de l'instant, mémoire morte des souvenirs de souvenirs virtualisés, société qui s'efface sans artefacts, sans preuves tangibles

Gigue des gig, empire des geeks semant des kilos des kilomètres de données futiles, essentielles et inutiles, sensibles mais désensibilisées


data qui se ramènent se rament en ram, moindre frisson numérique réaction épidermique dévoilé - non le cerveau n'est plus une partie intime!


Le corps dans un café branché, l'esprit débranché du réel de ce qui l'entoure, la tête dans le nuage du big data dada dadaïste d'aujourd'hui


parsemant le web des miettes de ses frasques aux quatre coins carrés du monde qui s'en fout carrément de toujours le savoir là et là et las!


instagram et pique épique et colle les grammes, le nez poudré collé à la vitre la fenêtre, saupoudrant le net de clichés de ses assiettes...



What's happening? Paralysé, poète se maudissant de ne point mot dire, porté disparu du cercle, hébété, le souffle court, arrêté sur l'image. 

recensant ces petites lâchetés quotidiennes qui peu à peu font fondre le désir, érodent les envies, puis éteignent la flamme vive de la vie.



Puis une minute par nuit elle écoutait le silence, non plutôt l'agitation diurne remplacée par le trafic les trafics les lucioles de la nuit



romantique débridé qui se décline se débine se débite en notes coulantes roucoulantes, un feu roulant de dièses sans bémol, lave gouleyante.

virtuose des notes, nuances nostalgiques en mode mineur, flâneur glanant les âmes éthérées, dames maniérées habillées de gammes chromatiques

sur nuit blanche, récolte d'une nuit de coma irréel. Chaque matin il retranscrivait les mots de la nuit se prenant pour un Chopin du clavier

texte au lit sans bruit, l'amour des mots à distance, extravagance des stances. Machine des mots repartie, machinations en action mots noirs

tant de paresse accumulée évacuée dans la vacuité des rêves, l'indicible ennui émasculé au coeur d'une nuit infinie indéfinie indéfinissable

les mots ronflent, soufflent à l'oreille, ronflant moteur nocturne de la création emballée déballée, débraillée qui déraille, douce insomnie

mauve nuit d'insomnie danse des sens réjouis, 3h du mat' la plume allumée, alerte, qui titille chatouille et gratte dans la nuit dans le lit

Sensualité des sens sexualité du texte textualité du sexe, texte sensuel sexuel, partouze virtuelle gang bang de mots tripatifs et jouissifs

Elle chercha prétexte au texte, textos sextos sextets d'octets en tête, tâta du verbe du verbeux non verbal, de la vitale virtuosité virale.

Se détacher pour mieux s'atteler à la tâche, détaler pour mettre les doutes en déroute et s'entailler pour que jaillisse la sémillante sève.

Tant pis, se jeta à l'eau aux aléas de la jactance, spontané comme un coup de tête de rein, s'en remettre au hasard au destin à la fatalité.

Ce n'était plus l'angoisse de la page blanche mais la paralysante peur du poids du pouvoir des mots dévoilés à l'instant à la terre entière.

Plus sa prose se rapprochait d'elle, plus se prostrait-elle dans la réflexion l'indolence l'ambivalence ; envolée, l'insouciance des débuts.

Remettre l'épaule à la roue était ardu, tordu; gymnastique perdue, raideur de l'inaction, l'acide lactique s'écoulant entre les mots gourds.

Mais sans cesse les mots revenaient, évanescents fantômes lui titillant la conscience, mots d'esprit vagabonds ne demandant qu'à être fixés.

puis elle s'enticha d'Instagram, prenant les moindres recoins de son quotidien en photo "artsy", filtrant et hipsterisant sa vision du monde

Plusieurs mois le cerveau en guimauve elle se terra dans Pinterest, collectionnant coups de coeur d'architecture de design de foodies de diy

se riant des frénétiques des TI, décrocheuse troquant le fumeux syndrome contemporain du "fear of missing out" pour le "joy of missing out".

En donnant vie, elle laissa le virtuel pour les besoins primaires, faisant fi du binaire, délaissant fils, flux et reflux de l'infobésité...

créant une créature de chair et de sang qui maintenant lui réclamait sans cesse son amour son lait, lui siphonnant sa substantifique moelle.

Que lui était-il arrivé? : she got a life, littéralement, tira la plug, et surtout, coupant le cordon, donna VIE pour vrai dans la vraie vie

Chapitre Neuf-[Re]naissance- Trop longtemps s'est-elle tue tuée, empalée sur sa plume étalée sans ses plumes emportée par la vie ses remous.