Chapitre I - Le ramoneur de mots

 [Ainsi se conclue - se concrétise - le premier chapitre de ce romanichel de roman bohème; premier chapitre intitulé « Le ramoneur de mots »]


des choses, les choses en cours, perdit contenance; sa confiance boutée hors de son royaume sans ce flux électrique qui le reliait au monde.   [Twit #70]


Il en était à ces réflexions lorsqu'un éclair zébra le ciel le lézardant d'un sens mauvais... Il perdit le courant, le contact avec le cours


en permanence encrés dans les interstices de ces esprits obnubilés par l'exécrable météo plutôt que par la merveilleuse rareté des météores.


vaillants des plus merveilleux. Une chance pour que le soleil la lumière réapparaisse, fuse tel une fusée une muse amusée de tous ces soucis


comme les gouttes d'eau les notes d'un piano nostalgique. Ça n'en finissait plus, cette tristesse à n'en plus finir, à fendre l'âme des plus


Et cette pluie qui n'en finissait plus de tomber, tombe en trombe  déprimante déferlante  pour les jours ensoleillés des festivaliers éplorés

 
semelles de goudron pris dans le sol, englué mobilisé, immobile tel un  immeuble devenu  arbre malgré lui, luminescente arborescence sans âme.


évidence de son inocuité occultée. C'en était ainsi, il avait beau essayer de s'arracher, il restait scotché à sa tv son écran son ordinaire


ouvrage, en nageur obstiné ne se souvenant plus de ce qu'il venait de faire de défaire, féerie désordonnée de mouvements avides dans le vide


de ces envies, de ces attentes inattendues qui le menaient vers des options inconnues, incongrues. Sans cesse sur le métier remisait-il son


en rut renfrogné dans ses convictions latentes, superman en lui-même, pâle humain au dehors ayant grandi trop vite, contre son gré. Il avait


cette civilisation à court de loisirs, si tendre et dure à la foi de ce confort qui l'indifférait totalement... Il s'y sentait étranger, ado
  
à tondre le gazon, mouton vert des tranquilles prairies de la banlieue endormie endolorie, ronronflante en cette ère d'éveil lustré. Nickel,


drabe et valable, entre le dit et l'indicible, l'indéchiffrable et la loi du plus grand nombre. Puis il en resta là, baba, bouche bée cousue


coin d'une rue, d'un cliché; faut rester cohérent se disait-il, coercitif mais actif, sublime funambule sur l'arête entre mal et subliminal,


portés par le flow, rêve du raver incompris incompétent incomplet... Bien sûr il se savait enlisé dans la vase le vaseux, le liseur perdu au


Il voulait se vider la tête de toutes ces allitérations terreuses lui altérant l'esprit, mots éthérés, affluents verbeux herbeux poussiéreux


va-nu-pied à tue-tête rudoyant les sages endormis; il ne lui en fallait pas plus il en avait plus que mort, assez crié, maintenant le repos.

C'était ça son trop-plein de mots d'émotions voilées, voix désormais enrayée de la surface surfaite, dès lors pleine d'expansion d'explosion


bigleuses, myopes taupes descendues dans leur trou, y fourrant muse et museau en sourdine, y bazardant leur avenir en musique un brin amusés


amenuisée, rabotée, sabotée sabordée. Mille millions de milliards d'êtres humains ramenés à des un et des zéros, combines binaires bigrement


animal social, sociétaire de cette communauté polymorphe technologique à l'os mais physiquement amorphe amoindrie dans ses moindres détails

  

montre-moi qui comment je suis dans l'oeil de ceux qui me suivent comme le messianique messager du maintenant, de la maintenance des réseaux

«live», la switch bloquée, bloguée à «on» même lorsqu'il dormait. Besoin de l'oeil de ce grand frère pour se sentir exister, ô miroir miroir


plénipotentiaire en tout temps présent pour tous ses amis mais absent à ses proches; faits gestes et personnalité inventés fantasmés publiés


moderne branché vivant à toute vitesse et à tous vents une vie planétaire internet internationale ubiquitaire omnipotente, impotent patenté


la zébrant, lézardant d'éclairs d'une joie toute simple: escargot sur une feuille s'écarquillant les yeux pour mieux l'observer lui le géant

inattendus, petites bestioles se mettant en travers de son chemin au moment le plus inopiné, inapproprié; pépins de vie traversant la sienne


sentiers battus du voyage qui était, oh pervers paradoxe, devenu son train-train quotidien. Il se mit à apprécier les petits riens inaperçus


par les aléas se jeter au devant du hasardeux. Il se réinstalla dans une confortable routine, bien que cette routine nouvelle le sortait des


de s'arrêter lui aussi déposer ses pénates penaud, let it be s'il en était ainsi alors soit, il n'avait plus la volonté de se laisser porter


proche, si loin, si tentante par son mystère. Il parcourut ainsi trois cent villes, jusqu'à ce que le chemin de fer s'arrête. Il décida donc   
  
de lui ou d'elle attirait l'autre, s'il devait descendre, mettre pied à terre ou attendre, tendre s'étendre vers la prochaine destination si    

bord à ras bord, rasant les villes, parcourant les contrées éloignées se rapprochant puis s'éloignant à nouveau. À chacune il se demanda qui    


ne pense à rien n'a peur de rien. Il sentit que ça s'étirait, il n'en fit rien, se contenta de reprendre le train, et littéralement, sauta à     


pas, ne plus regarder en arrière mais vers l'avant, l'avenant avenir, avancer sans recommencer ni rien effacer comme un gamin insouciant qui 

vers une suante agonie. Il se reprit en main, reprit le chemin vers une frivole liberté. Chaque pas serait désormais le gage d'un voyage, ne  


revers, retours du son inaudible de son destin fracassé déjà sur les hauteurs de ses peurs, le corail cassé de son coeur fragilisé temporisé  

en sortir. Las, se rendit compte que le cycle avait recommencé, subrepticement revenu au point de départ, d'ancrage d'embrayage de ses amers    


ambivalent à l'esprit violemment nonchalant et désespéré, déstabilisé, déshabillé de ses ambitions et sans valable volonté de séduire, de s'     

 
Il maudissait cet état latent de léthargie où involontairement, sans volonté se complaisait-il, têteux faiblard, mollusque mou, amphibien si


tête sans idée grouillante de vagues hésitations, grenouille informe en manque de formules magiques et ne sachant pas trop vers où rebondir.   


du renoncement; pris, épris, écartelé par les ronces tordues de la raison. Il ne savait plus où il en était, têtard assoiffé de sang d'encre 
 
le moindre de ses gestes, la moindre de ses pensées; pesant patiemment le pour, surtout le contre, toujours un pied en ces contrées hostiles  


qui ne comprenaient pas le non, l'absence l'abnégation, êtres adorables auxquels on ne pouvait dire non. Alors que lui, sans cesse soupesait 


ayant toujours soif de, envie de, toujours une impulsion un élan vers l'horizon l'au-delà le vertige l'absolu l'interdit: êtres purs et durs  


frais qui ne connaissaient pas le poids de la gravité. Ils leur enviait leur innocence, la jeunesse de leurs esprits béants, gouffres avides  


avec laquelle ils réussissaient tout ce qu'ils entreprenaient. Des «naturels», pourtant issus de lui-même, des bouts de chair insouciants et  
  
que ses enfants si déterminés, si spontanés sans jamais aucun questionnement dans leurs agissements sans cesse le sidéraient par la facilité 

tous mais avant tout pour lui-même. Comme il était devenu timoré, enlisé endormi dans son quotidien routinier trop lisse trop fugace. Tandis  

  
de s'y retrouver d'y trouver un alter ego rugissant et rutilant de charisme, un véritable meneur d'hommes séducteur de femmes un modèle pour   


de tête, celui des ordres et non d'exécution, voir quelles têtes décidées pouvaient bien s'y trouver pour mener tout ce monde. Il fut étonné  

des rages endormies. Il s'égarait sérieusement là, perdu dans la foule de suiveux. Il tenta de remonter le courant, courant jusqu'au peloton  
  
à suivre sans penser, se laisser aller à la vague humaine, faire corps fondant comme du chocolat au centre caramélisé des pulsions assouvies   


enraciné déjà, ramifiant au ramage persistant et volage mais il s'égarait dans les circonvolutions langagières, se ramena sur terre se força   


la cause et dont personne ne lui toucha mot. Ils traversèrent ainsi des villes et des campagnes, les vidant de leurs habitants, cortège bien  

se demander s'il y avait un but, une destination, une destinée. Plus long qu'un marathon, c'était devenu une exode dont il ne comprenait pas   


ainsi son futur proche au hasard. Seulement, cette foule ne s'arrêtait pas, parcourant des kilomètres et des kilomètres en liesse, il vint à 


après tout, ces quidams emballés semblaient bien savoir où aller, et comme il était curieux il les suivit sans trop se questionner, confiant  
  
Il se laissa emporter par la foule, il ne savait même pas vers où mais à quoi bon, il ne pouvait non plus aller à contre-courant sans risque  

dormante où il allait s'endormir, se déboulonna, déboula les escaliers vers le salutaire soleil et s'engouffra dans le moite nuage du dehors   


Si bien que rien ne fit, il laissa choir ces affres stériles et s'en alla voir s'il était mieux ailleurs. Il sortit de son lit, de cette eau


Seulement, cette obligeante contrainte le figea, gela dur ses idées: l'imagination n'est fertile que lorsque futile, disait si bien Nabokov. 
  
désobligeant, dénaturant la valeur de l'expérience. Il se résolut à faire du sens d'ajouter la contrainte de l'intérêt à la pure littérature  

à lui de décider s'il devait se saisir de ces sens cachés ou les laisser en suspens sens dessus dessous. Il trouva ce fatras trop facile…  


ainsi les mots hasardeux déboulèrent s'enfilèrent à la queue leu leu leurrant le vide, le bourrant de sens sibyllins ou vains c'était à lui   


Surpris, se laissa vite emporter par cette créativité fusant de cette contrainte pas si contraignante que ça lui laissant le choix des armes   

 

C'était un pari à tenir 140 caractères à la fois, peccadilles de phrases, petits bouquets de mots triés avec plus ou moins de soin, de sens.  
  
Il ne savait où il allait qu'importe, l'essentiel était de semer ces grenailles de sens trouver une piste un chemin sortir de cette caverne.  



TwittLitt   Ça avait commencé ainsi, quelques mots lancés en l'air comme ça, futilement inutilement, pour le simple plaisir d'un défi lancé au hasard…   7:23 AM Jun 19th
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